Avant guerre, Coucy-le-Château avec son réseau ferré et ses deux gares devient l’un des sites touristiques les plus visités en France. C’est la belle époque.

Puis, l’Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août 1914, Coucy est occupé dès le 1er septembre.

Les Allemands commencent très rapidement des travaux gigantesques pour mettre en place un canon, caché dans un bois en contrebas de la ville : terrassement, plateforme béton de 31 mètres de diamètre, embranchement sur la ligne de chemin de fer, pont provisoire pour enjamber la voie ferrée, pont roulant pour installer le matériel livré en pièces détachées et le canon de 17 m de long pesant 70 tonnes.

Début 1915, l’armée allemande positionne dans le plus grand secret, un gigantesque canon de marine près du centre de triage. C’est le 3ème canon longue portée installé en France et le seul de cette époque dans les Hauts-de-France. Il tire des obus de 750 kg à 40 km, alors que la portée des canons français n’est que de 15 km. Ses objectifs sont des villes permettant de ravitailler le front français et des usines chimiques. La plateforme de Coucy est déclarée apte au tir en avril. Le 15 juin 1915, des obus éclatent à Compiègne dont un formant un cratère de 4 m de diamètre sur 1,80 m de profondeur, et 3 jours plus tard sur Villers-Cotterêts, créant la panique dans la population. L’émotion gagne les politiques et l’état-major français, qui ordonnent une reconnaissance aérienne. 4 jours plus tard, un tout jeune pilote, George Guynemer, le futur « As de la Grande Guerre » repère le canon.

La légende sera ensuite entretenue pendant de nombreuses années. Pourquoi un tel canon à Coucy et aussi vite, pourquoi l’appeler Bertha, pourquoi un faux canon en bois à proximité, pourquoi penser qu’il a tiré sur Paris ? Autant de questions qui entretiendront des légendes autour de ce mystérieux canon.

Fin novembre 1915, ce canon est transféré en Alsace à Zillisheim, pour tirer sur Belfort et Wesserling. Il reste aujourd’hui en forêt de Coucy basse une importante plateforme.